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mais les tribuns en étaient venus à pouvoir tout oser, et comme Camille haranguait à la tribune, l’un d’eux donna l’ordre de l’arrêter[1] ; le serviteur du tribunat mit la main sur le dictateur octogénaire. Alors ce fut dans le Forum un tumulte comme on n’en avait jamais vu ; ceux qui entouraient Camille repoussaient la foule de la tribune qu’elle voulait envahir ; la foule qui était au-dessous criait qu’il fallait saisir Camille. Celui-ci descendit de la tribune et se réfugia dans le Comitium. S’arrêtant à son entrée et se tournant vers le temple de Jupiter, toujours fidèle à son caractère religieux, il pria les dieux du Capitole de tout diriger pour le mieux, et voua un temple à la Concorde si ces troubles s’apaisaient. L’agitation fut grande dans le Comitium, mais le parti le plus modéré l’emporta, et l’on convint d’accorder qu’un des deux consuls serait plébéien. Le sénat ratifia cette importante concession, et Camille ayant reparu à la tribune pour l’annoncer au peuple, il fut accompagné jusque chez lui par les applaudissements et les acclamations de la multitude. Telle est l’origine du premier temple de la Concorde élevé pour cimenter l’accord des patriciens et des plébéiens, qui fut en réalité le triomphe de ceux-ci, et devait être bientôt détruit par des luttes nouvelles. C’est au temps du siège de Véies qu’il aurait fallu dédier un temple à la Concorde.

Ce temple s’élevait sur le mont Capitolin, — vers le-

  1. Plut., Camill., 42.