Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/104

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elle se refusa obstinément à désigner son séducteur.

— Elle se nommait Gudule, dit mademoiselle Zoé.

— Elle se nommait Gudule et on la croyait protégée contre les dangers de l’amour par une barbe qu’elle portait au menton, longue et fourchue. Une barbe soudaine protégea la virginité de cette sainte fille de roi que Prague vénère. Une barbe qui n’était plus adolescente ne suffit pas à défendre la vertu de Gudule. Madame Cornouiller pressa Gudule de nommer l’homme qui, ayant abusé d’elle, la laissait ensuite dans l’embarras. Gudule fondait en larmes et gardait le silence. Les prières, les menaces ne furent d’aucun effet. Madame Cornouiller fit une longue et minutieuse enquête. Elle interrogea adroitement ses voisins, voisines et fournisseurs, le jardinier, le cantonnier, les gendarmes ; rien ne la mit sur la trace du coupable. Elle tenta de nouveau d’obtenir de Gudule des