Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/109

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toutes les croyances humaines. Comme il était ironique et moqueur, il parlait de Putois ainsi que d’un être réel. Il y mettait parfois tant d’insistance et marquait les circonstances avec une telle exactitude, que ma mère en était toute surprise et lui disait, dans sa candeur : « On dirait que tu parles sérieusement, mon ami : tu sais pourtant bien… »

» Il répondait gravement : « Tout Saint-Omer croit à l’existence de Putois. Serais-je un bon citoyen si je la niais ? Il faut y regarder à deux fois avant de supprimer un article de la foi commune. »

» Un esprit parfaitement honnête a seul de semblables scrupules. Au fond, mon père était gassendiste. Il accordait son sentiment particulier avec le sentiment public, croyant comme les Audomarois à l’existence de Putois, mais n’admettant pas son intervention directe dans le vol des melons et la séduction des cuisinières. Enfin il professait