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— Un très joli jardin, dit Zoé. Il était plein de lilas. Il y avait sur la pelouse un petit jardinier en terre cuite, au fond un labyrinthe et une grotte en rocaille, et sur le mur deux grands pots bleus.

— Oui, Zoé, deux grands pots bleus. Un matin, un matin d’été, monsieur Malorey vint dans notre maison pour consulter des livres qui manquaient à sa bibliothèque et qu’il n’eût point trouvés dans celle de la ville, qui avait péri dans un incendie. Mon père avait mis son cabinet de travail à la disposition de son doyen, et monsieur Malorey avait accepté cette offre. Il était convenu qu’après avoir conféré ses textes, il déjeunerait chez nous.

— Vois donc, Lucien, si les rideaux ne sont pas trop longs.

— Volontiers. La chaleur de cette matinée était étouffante. Les oiseaux se taisaient dans les feuilles immobiles. Assis sous un arbre du jardin, j’apercevais dans l’ombre du