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LA SIGNORA CHIARA

et n’ignore pas les troubles et les défaillances auxquels la nature des femmes est sujette. Il éprouva quelque inquiétude après qu’Ascanio Ranieri de Milan, établi tailleur pour dames sur la place dei Martiri, eut pris l’habitude de fréquenter sa maison. Ascanio était jeune, beau et toujours souriant. Assurément, la fille de l’héroïque Mammi, le boulanger patriote, était trop bonne Napolitaine pour oublier ses devoirs avec un Milanais. Pourtant Ascanio faisait ses visites proche l’Incoronata de préférence en l’absence du docteur, et la signora le recevait volontiers sans témoins.

Un jour que le professeur rentra au logis plus tôt qu’on ne l’attendait, il surprit Ascanio aux pieds de Chiara. Tandis que la signora s’éloignait de ce pas tranquille qui révèle une déesse, Ascanio se mit debout.

Gincomo Tedeschi s’approcha de lui avec les apparences de la plus vive sollicitude.

« Mon ami, je vois que vous êtes souffrant.