Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il n’est point humain ; il n’a point de pitié. L’esprit de caste étouffe en lui toute sympathie humaine.

« Je ne parle ici que des magistrats honnêtes.

— C’est le plus grand nombre, dit M. Goubin.

— C’est le plus grand nombre, répondit M. Bergeret, si nous considérons la probité vulgaire et la morale commune. Mais est-ce assez que d’être à peu près un honnête homme pour exercer sans erreurs et sans abus le pouvoir monstrueux de punir ? Le bon juge devrait unir l’esprit philosophique à la simple bonté. C’est beaucoup demander à un homme qui fait sa carrière et veut avancer. Sans compter que s’il fait paraître une morale supérieure à celle de son temps, il sera odieux à ses confrères et soulèvera l’indignation générale. Car nous appelons immoralité toute morale qui n’est point la nôtre. Tous ceux qui ont apporté un peu de