Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/72

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Puis il attendit l’effet de cette parole consacrée. Mais elle ne fut suivie d’aucun effet. Le sergot resta immobile et muet, les bras croisés sous son manteau court. Ses yeux, grands ouverts et qui luisaient dans l’ombre, regardaient Crainquebille avec tristesse, vigilance et mépris.

Crainquebille, étonné, mais gardant encore un reste de résolution, balbutia :

— Mort aux vaches ! que je vous ai dit.

Il y eut un long silence durant lequel tombait la pluie fine et rousse et régnait l’ombre glaciale. Enfin le sergot parla :

— Ce n’est pas à dire… Pour sûr et certain que ce n’est pas à dire. À votre âge on devrait avoir plus de connaissance… Passez votre chemin.

— Pourquoi que vous m’arrêtez pas ? demanda Crainquebille.

Le sergot secoua la tête sous son capuchon humide :

— S’il fallait empoigner tous les poivrots