Page:Anatole France - Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables.djvu/96

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— Pauline, demanda sévèrement mademoiselle Zoé, quel rapport y a-t-il entre l’histoire de Putois et ce que tu nous contes là ?

— Un très grand, ma tante.

— Je ne le saisis pas.

M. Bergeret, qui n’était pas ennemi des digressions, répondit à sa fille :

— Si toutes les injustices étaient finalement réparées en ce monde, on n’en aurait jamais imaginé un autre pour ces réparations. Comment voulez-vous que la postérité juge équitablement tous les morts ? Comment les interroger dans l’ombre où ils fuient ? Dès qu’on pourrait être juste envers eux, on les oublie. Mais peut-on jamais être juste ? Et qu’est-ce que la justice ? Madame Cornouiller, du moins, fut bien obligée de reconnaître à la longue que ma mère ne la trompait pas et que Putois était introuvable.

» Pourtant elle ne renonça pas à le découvrir. Elle demanda à tous ses parents, amis,