Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/112

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et le fit entrer dans une chambre encombrée de liasses de papiers déchirés, de registres écornés, de cartons bâillants et crevés, qui laissaient échapper des marges de feuilles marquées de vieux timbres, tout cela pressé, amoncelé et lourd. Sans doute des souris couraient derrière ces tas de papiers et de parchemins, car on entendait des craquements et des froissements tout proches au milieu du bruit lointain et continu du vent dans les cheminées et de la pluie sur les lamelles de pierre de la toiture.

Une couchette maigre et débraillée laissait apercevoir, dans un coin d’ombre, sous des loques pendues, les misères de sa nudité. La poussière revêtait tous les objets d’une teinte uniforme. Et le visage même du locataire semblait enduit de cette couche grise. Il n’avait plus de dents et sa langue était sans cesse occupée à se mouvoir contre ses lèvres molles. Quant à ses prunelles d’un vert pâle, elles faisaient songer, par leur agilité, à ces souris qu’on entendait grignoter dans le mur.

— Eh bien, lui dit Groult en s’asseyant, vous vouliez me parler ? Me voilà. Qu’y a-t-il de nouveau ?