Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/115

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petit métier. Mais supposez que Samuel Ewart soit mort.

— Parbleu ! s’écria Groult, s’il est mort il ne reviendra plus.

Et il éclata de rire.

— Espérez, dit le vieillard (en contemplant les épingles soigneusement piquées à la manche de son habit) ; espérez. Supposons qu’une personne possède un extrait légalisé de son acte de décès — de l’acte de décès de Samuel Ewart, mort à Jersey, sans postérité — et que le détenteur de cette pièce puisse la produire en temps utile.

Groult ouvrit ses deux énormes mains. Il était exaspéré de la trahison de son vieux complice, qui semblait vouloir maintenant rendre inutiles les pièces qu’il lui avait procurées à grands frais.

— Pas de finesse ! dit-il rudement. Marchez droit.

Les prunelles du bonhomme clignaient avec inquiétude, mais sa voix était très calme quand il reprit :

— Tout ce que je vous en dis n’est que pour vous servir. Mais je vois que je vous contrarie. Restons-en là et quittons-nous bons amis.