Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/157

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se passa les doigts sur le front. Puis elle se détacha avec indifférence de ce qu’elle voyait et referma la fenêtre. Il était midi.

À deux heures, elle n’avait pas sonné. À deux heures dix la fille de service, surprise de n’être pas encore appelée, ouvrit la porte de la cabine et demanda si madame n’avait pas besoin de quelque chose.

Il n’y avait personne dans la baignoire, mais en face, entre la fenêtre et la glace, une grande forme noire pendait.

La fille s’enfuit en criant au secours.

Hélène Haviland s’était pendue avec une cravate de son neveu, au portemanteau. Elle avait gardé sur ses épaules le châle que René lui attacha un mois auparavant, sous la tonnelle, à Meudon. Ses genoux étaient infléchis et la pointe de ses bottines touchait le parquet. Une chaise placée sans doute à dessein à la gauche du corps le faisait dévier et l’empêchait de porter d’aplomb sur le sol. Le voile de veuve recouvrait le visage. On le souleva. La face était tuméfiée ; la langue, noire et gonflée sortait de la bouche.