Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/214

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vement ondulatoire des plus étranges : de là le surnom que nous lui avons donné. D’ailleurs, Caton d’Utique et Branchut du Tic sont deux stoïciens.

— Monsieur Sainte-Lucie, dit le poète, je vais vous lire mes vers, pour que vous puissiez me faire toutes vos critiques avant l’impression.

— Non ! non ! s’écria Mercier, dont le petit visage rond se contracta sous ses lunettes. Vous lui lirez vos vers quand vous serez seuls.

Alors la conversation s’engagea sur l’esthétique. Dion considérait la poésie comme la langue « naturelle et primordiale. »

Mercier répondit avec aigreur :

— Ce n’est pas le vers, c’est le cri qui est la langue primitive et naturelle. Les premiers hommes ne se sont pas écriés :


Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel.


— Ils disaient : hou, hou, hou ! ma, ma, ma ! couic ! D’ailleurs, êtes-vous mathématicien ? Non. Eh bien, il est inutile de discuter avec vous. Je ne discute qu’avec un adversaire qui sait la méthode mathématique.