Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/226

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quelques mètres de sa fenêtre, dans la grande ruche de pierre. Sur le balcon du cinquième étage, un capitaine en retraite (c’en devait être un) semait des graines dans une caisse. Aux étages moyens les gens de service exposaient des tapis de fourrure sur la barre d’appui des fenêtres. Parfois, Remi voyait un balai passer devant les meubles endormis sous des housses contre les panneaux blancs. Au rez-de-chaussée, un commis d’agence écrivait sans relâche debout devant un haut pupitre.

Mais le regard de Remi plongeait de préférence dans les chambres du quatrième. Il n’y voyait jamais rien d’étrange ni de mystérieux ; rien de voluptueux, rien qui pût faire monter le sang aux tempes d’un jeune homme. Les fenêtres du quatrième étage n’étaient remarquables que par une cage de serins et un très petit pot de fleurs. L’appartement que ces fenêtres éclairaient était occupé par une dame sur le retour, lente et active, très calme, et dont le visage placide apparaissait de fenêtre en fenêtre, couronné par des restes de beaux cheveux qui laissaient sur le haut de la tête une raie blanche trop large. Sa fille, encore enfant et portant des