Page:Anatole France - Jocaste et Le Chat maigre.djvu/257

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chant étrange et doux et parlait à des absents. Enfin, ayant donné un regard au civet qui, comme disent les cuisiniers, partait sur un feu doux :

— Miragoane, dit-il, garde la boutique.

Miragoane tourna vers lui son œil intelligent et s’avança jusqu’au seuil de pierre, qu’elle occupa d’un air d’importance. Télémaque monta dans une très belle chambre tendue d’un papier historié sur lequel une chasse au sanglier était indéfiniment répétée. Cette chambre, meublée d’une armoire de noyer, d’un lit à rideaux de cotonnade blanche et de quatre tables, servait à la fois de chambre à coucher au restaurateur et de salle à manger aux sociétés du dimanche. Télémaque prit dans l’armoire une caisse qu’il posa sur la table et qu’il ouvrit avec précaution. Cette caisse était pleine d’objets enveloppés dans des foulards et dans des papiers. Il en tira successivement un châle rouge, des épaulettes à graines d’épinard, des anneaux d’oreilles, une croix et une plaque d’ordres inconnus et un grand chapeau galonné dont les deux cornes étaient terminées chacune par un énorme gland d’or. Quand ces trésors furent étalés sur la table, Télémaque les contem-