Page:Anatole France - L’Église et la République.djvu/97

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agréable au Pape, dès que le premier Consul l’eut transformée en instrument de règne.

On admire en effet qu’un Pape ait approuvé en 1801 des usages et des mœurs qu’un Pape détestait en 1790. Pourtant il ne faut pas trop admirer. Sur quelques points le Concordat diffère beaucoup de la Constitution civile. Et ces points ne sont pas tous sans importance. Il en diffère d’abord par un préambule fort remarquable où l’on lit : « Le Gouvernement de la République reconnaît que la Religion catholique, apostolique et romaine, est la religion de la grande majorité des citoyens français. » Le législateur constate un fait dont il ne tire aucune conséquence. Et l’on se demande pourquoi il a parlé. C’était pour ne rien dire et contenter le Pape. C’était pour sauvegarder la liberté de conscience et ménager les prétentions du Saint-Siège. Et cette déclaration avait bien son prix pour l’Église romaine puisqu’elle permit à Louis XVIII, en 1814, quand il octroya une charte à son peuple, d’y déclarer la religion catholique religion de la nation française, ce qui réduisait à rien les droits des deux autres religions reconnues et ramenait le pays à l’unité d’obédience. Le Concordat diffère encore de la Constitution civile sur un point d’un intérêt plus constant et plus pratique.

Les constituants, parmi lesquels il y avait des jansénistes, espéraient rétablir les mœurs de la primitive Église. Ils tenaient pour exemplaires les Églises électives d’Utrech, de Deventer et de Harlem. Ils avaient