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bon air, avec un coup de chanfrein aux montants et un trèfle découpé, pour y passer la main. M. Bergeret avait eu grande envie de l’acquérir. Il y avait renoncé, vu l’état de ses affaires qui étaient embarrassées. Personne au monde ne sut mieux que lui que plaies d’argent ne sont point mortelles ; mais il n’avait pas d’escabeau. Il y suppléait par une vieille chaise cannée, dont le dossier, rompu autrefois à sa partie cintrée, n’avait plus présenté que deux cornes ou antennes qui, à l’usage, parurent plus nuisibles qu’utiles. C’est pourquoi on les avait sciées systématiquement à la hauteur du siège, en sorte que la chaise était devenue un tabouret. Ce tabouret convenait mal à l’emploi qu’en faisait M. Bergeret ; cela pour deux raisons. D’abord le treillis de jonc, relâché par un long usage, se creusait au milieu, et le pied n’y était pas assuré. De plus, ce tabouret était trop bas, et quand on avait monté dessus, c’était à peine si, en levant