Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/187

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les bras, on pouvait atteindre du bout des doigts la tablette supérieure. Et, le plus souvent, en tâchant d’en tirer un livre, on en faisait choir plusieurs sur le plancher, où, selon qu’ils étaient reliés ou brochés, ils gisaient les coins rompus ou bien ouverts soit en éventail, soit en accordéon.

Or, dans le dessein de prendre le Manuel d’Ottfried Müller, M. Bergeret quitta le fauteuil qu’il partageait avec Riquet. Riquet qui, roulé en boule, la tête contre le ventre, reposait dans une tiède langueur, entr’ouvrit un œil voluptueux, qu’il referma aussitôt. Et M. Bergeret alla tirer le tabouret du coin obscur où il était caché, le plaça à l’endroit qu’il fallait, se hissa dessus et parvint, en se guindant sur la pointe des pieds et en allongeant le bras le plus possible, à toucher d’un doigt, puis de deux doigts, le dos d’un livre qu’il jugea être celui dont il avait besoin. Quant au pouce, il demeurait en deçà du rayon, et