Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

misère ! s’écriaient ensemble les soldats Briqueballe et Cocot, sous une pluie soudaine de suie qui, tombant sur eux, autour d’eux et dans la marmite, barbouillait leurs doigts humides et obscurcissait les pommes de terre, pâles naguère comme des boules d’ivoire.

Ils levèrent la tête pour découvrir la cause du mal et virent, à travers la pluie noire, des camarades qui démontaient sur le toit un long tuyau de cheminée et secouaient violemment la suie dont il était rempli. À cette vue, Cocot et Briqueballe s’écrièrent d’une seule voix :

— Eh ! vous, là-haut, avez-vous bientôt fini ?

Et ils jetèrent aux camarades du toit toutes les invectives qui peuvent sortir d’une âme naïve et sincère. Innocentes injures, qui témoignaient d’un mécontentement véritable, et remplissaient la cour du quartier des sons prolongés de l’accent picard et de