Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui faisaient les jeunes gens timides et les vieillards obséquieux. Point fier, point triomphant, simple et même un peu vulgaire, armé seulement de cet air de méchanceté égale et tranquille qui lui était d’un si grand secours dans le commerce des hommes, il allait ramassé dans sa petite taille, trapu, râblé, robuste encore, mais déjà touché par la maladie, et se faisant un peu bossu. Ayant descendu les degrés de la terrasse et considéré les marques par lesquelles on distingue les diverses huiles de pied de bœuf propres à dégraisser les boîtes des « patentes », il rencontra sur son chemin une statue de jardin qui se trouvait renfermée, sous le velum, dans l’enceinte de toile bise, une œuvre classique, de style français, le bronze d’un héros étalant avec son académique nudité la science du statuaire et assommant de sa massue un monstre en une belle attitude d’école. Trompé, sans doute, par le faux air de sport que présentait ce motif, et