Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/387

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Elle monta lentement, tristement l’escalier.

Mais sur le seuil de la porte l’espoir se glissa dans son cœur de retrouver le Rara délicieux des premiers jours. Hélas ! cet espoir la trompait. Elle fut accueillie par des paroles amères :

— Pourquoi viens-tu ? Toi aussi tu me méprises.

Elle protesta.

Et il est vrai qu’elle ne le méprisait pas, qu’elle l’admirait dans son âme de biche amoureuse. Elle posa sur les moustaches de l’ami des lèvres peintes et pourtant fraîches, elle l’embrassa avec des sanglots, mais il la repoussa et se mit à marcher furieusement dans les deux chambres bleues.

Elle délia sans bruit le petit paquet de gâteaux qu’elle avait apporté, et dit d’une voix pâle où ne luisait plus aucune espérance :

— Veux-tu un baba ? Il est au kirsch, comme tu les aimes.

Et elle lui tendit le baba entre deux doigts fins et sucrés.