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tumé de ses promenades, un chemin poudreux, bordé de chardons et d’orties, qui suit les remparts.

Il songeait :

— Que deviendra ce pauvre enfant, s’il se trouve soudain jeté dehors, ignorant tout travail manuel, délicat et débile, craintif ? Et quel deuil dans l’échoppe de son père infirme !

Il allait sur les cailloux du chemin aride. Parvenu à la croix de la mission, il tira son chapeau, essuya avec son foulard la sueur de son front et dit à voix basse :

— Mon Dieu inspirez-moi d’agir selon vos intérêts, quoi qu’il en puisse coûter à mon cœur paternel !

Le lendemain matin, à six heures et demie, M. l’abbé Lantaigne achevait de dire sa messe dans la chapelle nue et solitaire. Seul, devant un autel latéral, un vieux sacristain plantait des fleurs de papier dans des vases de porcelaine, sous la statue dorée de saint Joseph. Un jour gris coulait triste-