Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonnes élégantes des deux sexes affluent dans la boutique, et qu’il s’y livre aux risées des gens du monde, on se demandera si le professeur d’éloquence du grand séminaire ne laisse point chez la pâtissière quelque part de sa dignité. En effet, le choix de deux gâteaux n’a pas échappé à l’attention malveillante des observateurs, et l’on dit, à tort ou à raison, que M. Guitrel garde l’un pour lui et donne l’autre à sa servante. Il peut assurément, sans encourir aucun blâme, partager des friandises avec la personne attachée à son service, surtout si cette personne a atteint l’âge canonique. Mais la malignité publique interprète ces privautés et familiarités dans le sens le plus fâcheux, et je n’oserais jamais faire entendre à Votre Éminence les propos qu’on tient dans la ville sur les relations de M. Guitrel avec sa servante. Je ne veux pas accueillir ces accusations. Toutefois Votre Éminence jugera que M. Guitrel est peu excusable d’avoir