Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/181

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là le pis, monsieur Sariette, car sans la peur de Dieu…

Longtemps Zéphyrine se répandit en invectives. Et lorsqu’elle fut à bout de souffle, M. Sariette en prit avantage pour l’exhorter au calme et la ramener à l’espérance. Guinardon reviendrait : on n’oublie pas cinquante ans de concorde et d’union…

Ces doux propos soulevèrent des fureurs nouvelles et Zéphyrine jura qu’elle n’oublierait jamais l’affront qu’elle venait d’essuyer, qu’elle ne recevrait plus ce monstre chez elle. Et s’il venait lui demander pardon à genoux, elle le laisserait se morfondre à ses pieds.

— Vous ne comprenez donc pas, monsieur Sariette, que je le méprise, que je le hais, qu’il me dégoûte ?

Elle exprima soixante fois ces fiers sentiments et jura soixante fois qu’elle ne voulait plus recevoir Guinardon, qu’elle ne pouvait plus le voir, même en peinture.

M. Sariette ne combattit point une résolution que, après de telles protestations, il jugeait inébranlable. Il ne blâma point Zéphyrine, il l’approuva même. Ouvrant à l’abandonnée des