Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/223

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feu, de l’air subtil, de l’eau et de la terre. Je leur disais comment les premiers hommes vivaient misérables et nus, dans les forêts, avant que les démons ingénieux leur eussent enseigné les arts, et je leur disais les thiases du Dieu et comment on donnait à Dionysos Sémélé pour mère, parce que sa pensée bienveillante était née dans la foudre.

» Ce peuple agréable entre tous aux yeux des Démons, ces Grecs heureux ne trouvèrent pas, sans effort, la bonne police et les arts. Leur premier temple fut une hutte en branches de laurier ; leur première image des dieux, un arbre ; leur premier autel, une pierre brute, teinte du sang d’Iphigénie. Mais en peu de temps, ils portèrent la sagesse et la beauté à un point que nul peuple n’avait atteint avant eux, dont nul peuple ne s’est, depuis, approché. D’où vient, Arcade, ce prodige unique sur la terre ? Pourquoi le sol sacré de l’Ionie et de l’Attique a-t-il nourri cette fleur incomparable ? Parce qu’il n’y eut là ni sacerdoce, ni dogme, ni révélation, et que les Grecs ne connurent jamais le dieu jaloux. C’est son propre génie, c’est sa propre beauté dont l’Hellène fit ses