Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/230

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sang la dette des hommes. Il n’est pas croyable que la peine rachète la faute, et il est moins croyable encore que l’innocent puisse payer pour le coupable. Les souffrances d’un innocent ne compensent rien et ne font qu’ajouter un mal à un mal. Cependant, il se trouva de malheureux êtres pour adorer Iahveh et son fils expiateur, et pour annoncer leurs mystères comme une bonne nouvelle. Nous devions nous attendre à cette folie. N’avions-nous pas vu maintes fois ces humains, quand ils étaient pauvres et nus, se prosterner devant tous les fantômes de la peur, et, plutôt que de suivre les leçons des démons favorables, obéir aux commandements des démiurges cruels ? Iahveh, par sa ruse, prit les âmes comme dans un filet. Mais il n’en retira pas, pour sa gloire, tout l’avantage qu’il en attendait. Ce ne fut pas lui, ce fut son fils qui reçut les hommages des hommes et qui donna son nom au culte nouveau. Il demeura lui même à peu près ignoré sur la terre.