Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moins pour les protecteurs du foyer, de la vigne et du champ, un peu de vin et de farine. Nous leur avions enseigné qu’il suffit de toucher l’autel d’une main pure et que les dieux se réjouissent d’une offrande modique. Cependant, le règne d’Iahveh s’annonçait en cent lieux par des folies. Les chrétiens brûlaient les livres, renversaient les temples, incendiaient les villes, exerçaient leurs ravages jusque dans les déserts. Là, des milliers de malheureux, tournant leur fureur contre eux-mêmes, se déchiraient les flancs avec des pointes de fer. Et, de toute la terre, les soupirs des victimes volontaires montaient au Dieu comme des louanges. Ma retraite ombreuse ne pouvait échapper longtemps à la rage de ces forcenés.

» Au sommet de la colline qui dominait le bois d’oliviers tous les jours égayé des sons de ma flûte, s’élevait, depuis les premiers ans de la paix romaine, un petit temple de marbre, rond comme les cabanes des aïeux. Il n’avait point de murs ; sur une base haute de sept degrés se dressaient en cercle seize colonnes aux volutes d’acanthe, portant une coupole de tuiles blan-