Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/253

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compagnons et moi, pour interrompre leur affreux ouvrage et j’eus, pour ma part, le plaisir d’en jeter bas quelques douzaines du haut des portails et des galeries sur le parvis où se répandit leur cervelle infecte.

» Le pis fut que l’Église catholique se réforma aussi et devint plus méchante qu’elle n’avait jamais été. Dans le doux pays de France, les sorbonniers et les moines s’acharnèrent avec une rage inouïe contre les démons ingénieux et les hommes doctes. Mon prieur se trouvait être des plus contraires aux bonnes lettres. Depuis quelque temps, mes veilles studieuses l’inquiétaient, et peut-être avait-il aperçu la fourche de mon pied. Le cafard fouilla dans ma cellule et y trouva du papier, de l’encre, des livres grecs nouvellement imprimés et une flûte de Pan suspendue au mur. À ces enseignes, me reconnaissant pour un esprit diabolique, il me faisait jeter dans un cachot où j’eusse été nourri du pain d’angoisse et de l’eau d’amertume, si je ne m’étais promptement échappé par la fenêtre et réfugié dans les retraites des bois, parmi les Nymphes et les Faunes.