Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/271

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nardon la tenait la pointe en terre, comme pour en faire une croix, joignait pieusement les mains sur le quillon, et semblait aussi loyal que cette épée.

— Faites-la figurer à votre exposition, dit-il. La pucelle en vaut la peine. Elle se nomme Bouvines.

— Si je vous la fais vendre, demanda M. Le Truc de Ruffec, en tortillant ses énormes moustaches, vous me donnerez une petite commission ?…

À quelques jours de là, le père Guinardon montra au comte Desmaisons et à M. Blancmesnil, avec un air de mystère, un Gréco nouvellement découvert, un étonnant Gréco de la dernière manière du maître. Il représentait un saint François d’Assise qui, debout sur le rocher de l’Alverne, montait vers le ciel comme une colonne de fumée et plongeait dans la région des nuées une tête monstrueusement étroite, rapetissée par la distance. Enfin un vrai, très vrai, trop vrai Gréco. Les deux amateurs contemplaient cette œuvre avec attention, tandis que le père Guinardon en vantait les noirs profonds et l’expression sublime. Il levait les bras