séparer de moi. Vous êtes mon ange, vous êtes mon bien.
Arcade représenta au jeune d’Esparvieu qu’il ne pouvait plus être l’ange tutélaire d’un chrétien, s’étant jeté lui-même dans l’abîme. Et il se peignit horrible, respirant la haine et la fureur, enfin un esprit infernal.
— Des blagues, fit Maurice en souriant, les yeux gros de larmes.
— Hélas, nos idées, nos destinées, tout nous sépare, jeune Maurice. Mais je ne puis étouffer la tendresse que je sens pour vous, et votre candeur me force à vous aimer.
— Non ! soupira Maurice, vous ne m’aimez pas. Vous ne m’avez jamais aimé. De la part d’un frère ou d’une sœur, cette indifférence serait naturelle ; de la part d’un ami, elle serait ordinaire ; de la part d’un ange gardien, elle est monstrueuse. Arcade, vous êtes un être abominable. Je vous hais.
— Je vous ai chèrement aimé, Maurice, et je vous aime encore. Vous troublez mon cœur, que je croyais enfermé dans un triple airain ; vous me découvrez ma faiblesse. Quand vous étiez un petit garçon innocent, je vous aimais