Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/306

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ébranlé. Le démiurge pourtant l’emporta. Mais à quoi dut-il sa victoire ? Au hasard d’un orage qui éclata durant le combat. La foudre, tombée sur Lucifer et ses anges, les abattit noirs et brisés. Ialdabaoth dut la victoire à la foudre. La foudre est son arme unique. Il en abuse. C’est au milieu des éclairs et des tonnerres qu’il promulgua sa loi. « Le feu marche devant lui », dit le Prophète. Or, Sénèque le Philosophe a dit que la foudre, en tombant, apporte du péril à un très petit nombre, à tous de la crainte. Cette remarque était vraie pour les hommes du premier siècle de l’ère chrétienne ; elle ne l’est plus pour les anges du xxe. Ce qui prouve que, en dépit de son tonnerre, il n’est pas bien fort, c’est la peur affreuse que lui fit une tour de brique crue et de bitume. Lorsque des myriades d’esprits célestes, munis des engins que la science moderne met à leur disposition, donneront l’assaut au ciel, pensez-vous, compagnons, que le vieux maître du système solaire, entouré de ses anges, armés comme au temps d’Abraham, pourra leur résister ? Les guerriers du démiurge portent encore, à cette heure, des casques d’or et des