Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/308

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férer, faisait son propre portrait. C’est ainsi qu’Alcor, le plus jeune des anges rebelles, prononça ces paroles rapides :

— Heureusement que dans l’armée d’Ialdabaoth le commandement échoit à l’ancienneté. De cette manière, il y a peu de chance qu’il soit exercé par de grands foudres de guerre. Ce n’est pas par une longue obéissance qu’on apprend à commander ni par l’application aux menus détails qu’on se prépare à embrasser de vastes ensembles. Nous voyons dans les histoires ancienne et moderne que les plus grands capitaines furent des rois comme Alexandre et Frédéric, des aristocrates comme César et Turenne ou de mauvais militaires comme Bonaparte. Un homme de métier sera toujours inférieur ou médiocre. Camarades, donnons-nous des chefs intelligents, dans la fleur de l’âge. Un vieillard peut avoir gardé l’habitude de vaincre ; mais il faut être jeune pour l’acquérir.

Un séraphin philosophe remplaça Alcor à la tribune.

— La guerre ne fut jamais, dit-il, une science certaine ni un art défini. Toutefois le