Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/321

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listes rencontraient de grandes difficultés à l’endroit de certaines sécrétions.

— Au reste, dit Arcade, je reconnais volontiers qu’il est à peu près impossible de constituer systématiquement une morale naturelle. La nature n’a pas de principes. Elle ne nous fournit aucune raison de croire que la vie humaine est respectable. La nature, indifférente, ne fait nulle distinction du bien et du mal.

— Vous voyez donc, répliqua Maurice, que la religion est nécessaire.

— La morale prétendue révélée, reprit l’ange, s’inspire en réalité de l’empirisme le plus grossier. L’usage seul règle les mœurs. Ce que le ciel prescrit n’est que la consécration de vieilles habitudes. La loi divine promulguée dans la pyrotechnie, sur quelque Sinaï, n’est jamais que la codification des préjugés humains. Et de ce fait que les mœurs changent, les religions qui durent longtemps, comme le judéo-christianisme, varient en morale.

— Enfin, dit Maurice dont l’intelligence grandissait à vue d’œil, vous m’accorderez que la religion empêche bien des désordres et bien des crimes ?