Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/329

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Elle devait figurer l’ange du pardon. Mais elle n’en avait ni la figure ni le caractère. Elle était sombre et dure. Maurice avait en lui le germe de toutes les vertus communes et nécessaires. Il aimait et respectait sa mère. Il l’aimait plus encore par devoir que par inclination et son respect tenait plus de l’usage que du sentiment. Madame René d’Esparvieu avait de la couperose au visage, et comme elle s’était mis de la poudre de riz pour paraître à son avantage dans le tribunal domestique, elle y montrait un teint qui ressemblait à des framboises dans du sucre. Maurice, qui avait du goût, ne put se défendre de la trouver laide, et d’une laideur un peu répugnante. Il était mal disposé pour elle et, quand elle eut repris, en les aggravant, les griefs dont son mari avait déjà chargé son fils, l’enfant prodigue détourna la tête pour ne pas lui montrer un visage irrité.

Elle poursuivit :

— Ta tante de Saint-Fain t’a rencontré dans la rue en si mauvaise compagnie qu’elle t’a su gré de ne l’avoir pas saluée.

À ces mots, Maurice éclata :

— Ma tante de Saint-Fain ! Je lui conseille