Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce mouvement interrompu se transforma en chaleur : Maurice fumait. Sa rage ne l’arma pas, comme Archiloque, d’un lyrisme vengeur. Il donna seulement à l’infidèle le nom de la génisse fécondée.

Cependant elle avait retrouvé, avec la correction de sa mise, la dignité de son attitude. Elle se leva, pleine de pudeur et de grâce, et tourna sur son accusateur un regard qui exprimait à la fois la vertu qu’on offense et l’amour qui pardonne.

Mais comme le jeune d’Esparvieu ne cessait pas de l’accabler d’invectives grossières et monotones, elle se fâcha à son tour :

— Vous êtes encore un joli coco, vous. Est-ce que je suis allée le chercher, votre Arcade ? C’est vous qui l’avez amené ici, et dans quel état, encore !… Vous n’aviez qu’une idée : me livrer à votre ami. Eh bien ! monsieur, prenez-en votre parti, je ne vous ferai pas ce plaisir.

Maurice d’Esparvieu lui répondit simplement :

— Fiche le camp, chameau !

Et il fit mine de la pousser du pied dehors. Arcade souffrit de voir son amante aussi indignement traitée ; mais il ne se crut pas l’auto-