Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/358

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simuler, le père Guinardon buvait. À deux pas de lui, sur la table à ouvrage de la jeune Octavie, une rose achevait de sécher dans un verre tari, et dans une corbeille un ouvrage de broderie gisait interrompu. La jeune Octavie quittait de plus en plus souvent le magasin et M. Blancmesnil n’y venait jamais quand elle ne s’y trouvait pas. La cause en était qu’ils se rencontraient trois fois par semaine à cinq heures, dans une maison de rendez-vous, près des Champs-Élysées. Le père Guinardon n’en savait rien. Il ne connaissait pas tout son mal, mais il en souffrait.

M. Sariette serra la main à son vieil ami ; ne lui demanda pas de nouvelles de cette jeune Octavie ; car il ne reconnaissait pas les liens qui les unissaient l’un à l’autre. Il aurait plus volontiers parlé de Zéphyrine, cruellement abandonnée et dont il souhaitait que le vieillard fît sa légitime épouse. Mais M. Sariette était prudent. Il se contenta de demander à Guinardon comment il se portait :

— À merveille, affirma Guinardon qui se sentait souffrant, et affectait la vigueur et la