Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/383

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paternel, à sa vieille mère courbée par un long labeur et qu’il ne devait plus revoir. Tiré de sa rêverie par le tumulte nocturne, l’agent Grolle s’avança jusqu’au carrefour où aboutissent les rues Muller et Feutrier et observa sans faveur cette bande musarde dans laquelle son instinct social soupçonnait des ennemis de l’ordre. Il était patient et résolu. Après un long silence, dans un calme redoutable :

— Circulez, dit-il.

Mais Maurice et l’ange japonais s’escrimaient et n’entendaient rien ; le musicien n’écoutait que ses propres mélodies, le prince Istar s’absorbait dans des formules d’explosifs, Zita considérait avec Arcade la plus grande entreprise qui ait été conçue depuis que le système solaire est sorti de la nébuleuse originelle, et tous ils demeuraient étrangers à ce qui les entourait.

— Je vous dis de circuler, répéta le brigadier Grolle.

Cette fois les anges entendirent cet ordre solennel, mais soit indifférence, soit mépris, ils n’obéirent pas et continuèrent leurs cris, leurs chants et leurs discours.

— Alors, vous voulez vous faire empoigner,