Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/400

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M. René d’Esparvieu alla lui-même chercher son fils à la Conciergerie et le ramena dans la vieille maison de la rue Garancière. Ce retour fut triomphal ; on avait semé le bruit que le jeune Maurice s’était employé avec une généreuse imprudence à une tentative de restauration monarchique, et que le juge Salneuve, infâme franc-maçon, créature de Combes et d’André, avait essayé de compromettre ce courageux jeune homme avec des bandits. C’est ce que semblait croire M. l’abbé Patouille, qui répondait de Maurice comme de lui-même. On savait, d’ailleurs, que, rompant avec son père rallié à la République, le jeune d’Esparvieu s’acheminait vers le royalisme intégral. Les personnes bien informées voyaient dans son arrestation la vengeance des juifs. Maurice n’était-il pas un antisémite notoire ? La jeunesse catholique alla conspuer le juge Salneuve sous les fenêtres de l’appartement qu’il habitait, rue Guénégaud, vis-à-vis la Monnaie.

Sur le boulevard du Palais, un groupe d’étudiants remit à Maurice une palme.

Maurice s’attendrit en revoyant le vieil hôtel de son enfance et tomba en pleurant dans les