Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/105

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Jacquot, est moins croyable encore. Pourtant Cadette Saint-Avit m’en a parlé comme d’une chose certaine. Je te dirai donc que M. Hercule d’Astarac, demeuré sur ses terres, n’avait d’autres soins que de mettre dans des carafes la lumière du soleil. Cadette Saint-Avit ne sait pas comme il s’y prenait, mais ce dont elle est sûre, c’est qu’avec le temps, il se formait dans ces carafes, bien bouchées et chauffées au bain-marie, des femmes toutes petites, mais faites à ravir, et vêtues comme des princesses de théâtre... Tu ris, mon Jacquot ; pourtant on ne peut pas plaisanter de ces choses, quand on en voit les conséquences. C’est un grand péché de fabriquer ainsi des créatures qui ne peuvent être baptisées et qui ne sauraient participer à la béatitude éternelle. Car tu n’imagines pas que M. d’Astarac ait porté ces marmousets au prêtre, dans leur bouteille, pour les tenir sur les fonts baptismaux. On n’aurait pas trouvé de marraine.

— Mais, chère maman, répondis-je, les poupées de M. d’Astarac n’avaient pas besoin de baptême, n’ayant pas eu de part au péché originel.

— C’est à quoi je n’avais pas songé, dit ma mère, et Cadette Saint-Avit elle-même ne m’en