Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/153

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compté sur les Génies du feu, auxquels nous pouvons désormais donner leurs vrais noms d’Elfes et de Salamandres, pour améliorer et parfaire ses figurines d’argile. Il s’était dit, dans sa prudence : « Mon Adam et mon Ève, opaques et scellés dans l’argile, manquent d’air et de lumière. Je n’ai pas su leur donner des ailes. Mais, en s’unissant aux Elfes et aux Salamandres, créés par un Démiurge plus puissant et plus subtil que moi, ils donneront naissance à des enfants qui procéderont des races lumineuses autant que de la race d’argile et qui auront à leur tour des enfants plus lumineux qu’eux-mêmes, jusqu’à ce qu’enfin leur postérité égale presque en beauté les fils et les filles de l’air et du feu.

» Il n’avait rien négligé, à vrai dire, pour attirer sur son Adam et sur son Ève les regards des Sylphes et des Salamandres. Il avait modelé la femme en forme d’amphore, avec une harmonie de lignes courbes qui suffirait à le faire reconnaître pour le prince des géomètres, et il parvint à racheter la grossièreté de la matière par la magnificence de la forme. Il avait sculpté Adam d’une main moins caressante, mais plus énergique, formant son corps avec tant d’ordre, selon des proportions si parfaites