Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/175

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que, la main sur le cachet de cire, je me rappelais ce que ma mère m’avait conté des carafes magiques, mon « pourquoi pas », me soufflait que peut-être après tout voit-on, à la poussière du soleil, les fées aériennes. Mais, dès que cette idée, après avoir mis le pied dans mon esprit, faisait mine de s’y loger et d’y prendre des aises, je la trouvais baroque, absurde et grotesque. Les idées, quand elles s’imposent, deviennent vite impertinentes. Il en est peu qui puissent faire autre chose que d’agréables passantes ; et décidément celle-là avait un air de folie. Pendant que je me demandais : Ouvrirai-je, n’ouvrirai-je pas ? le cachet, que je ne cessais de presser entre mes doigts, se brisa soudainement dans ma main, et le flacon se trouva débouché.

J’attendis, j’observai. Je ne vis rien, je ne sentis rien. J’en fus déçu, tant l’espoir de sortir de la nature est habile et prompt à se glisser dans nos âmes ! Rien ! pas même une vague et confuse illusion, une incertaine image ! Il arrivait ce que j’avais prévu : quelle déception ! J’en ressentis une sorte de dépit. Renversé dans mon fauteuil, je me jurai, devant ces Égyptiens aux longs yeux noirs qui m’entouraient, de mieux fermer à l’avenir mon