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capucin qui sait lire ! Eh ! petit frère, comment vous nommez-vous ?

— Frère Ange, capucin indigne, répondit mon maître.

Ma mère, qui de la chambre haute entendit des voix, descendit dans la boutique, attirée par la curiosité.

L’abbé la salua avec une politesse déjà familière et lui dit :

— Voilà qui est admirable, madame : Frère Ange est capucin et il sait lire !

— Il sait même lire toutes les écritures, répondit ma mère.

Et, s’approchant du frère, elle reconnut l’oraison de sainte Marguerite à l’image, qui représentait la vierge martyre, un goupillon à la main.

— Cette prière, ajouta-t-elle, est difficile à lire, parce que les mots en sont tout petits et à peine séparés. Par bonheur, il suffit, dans les douleurs, de se l’appliquer comme un emplâtre à l’endroit où l’on ressent le plus de mal, et elle opère de la sorte aussi bien et mieux même que si on la récitait. J’en ai fait l’épreuve, monsieur, lors de la naissance de mon fils Jacquot, ici présent.

— N’en doutez point, ma bonne dame,