Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/222

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en ce moment couché avec sa vieille femme.

— C’est donc, dit M. d’Anquetil, son fantôme très ressemblant. Encore faut il croire que ce fantôme a pris la perruque du partisan. Un spectre même ne la saurait si bien imiter, tant elle est ridicule.

— Dites-vous bien et ne vous moquez-vous pas ? demanda Catherine. Est-ce vraiment M. de la Guéritaude ?

— C’est lui-même, Catherine, si j’en crois mes yeux.

— Je suis perdue, s’écria la pauvre fille. Les femmes sont bien malheureuses ! On ne les laisse jamais tranquilles. Que vais-je devenir ? Ne voudriez-vous pas, messieurs, vous cacher dans diverses armoires ?

— Cela se pourrait faire, dit M. l’abbé Coignard ; mais comment y renfermer avec nous ces bouteilles vides et pour la plupart éventrées ou tout au moins égueulées, les débris de la dame-jeanne que monsieur m’a jetée à la tête, cette nappe, ce pâté, ces assiettes, ces flambeaux et la chemise de mademoiselle qui, par l’effet du vin dont elle est trempée, ne forme plus qu’un voile transparent et rose autour de sa beauté ?

— Il est vrai que cet imbécile a mouillé ma