Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/235

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byzantins dont les imaginations abondantes et barbares ont tout barbouillé le martyrologe. Il y a une ridicule impiété à prétendre que Dieu fit paraître à cette Jeanne Dulys des saintes qui n’ont jamais existé. Pourtant, de vieux chroniqueurs n’ont point craint de le donner à entendre. Que n’ont-ils dit que Dieu envoya encore à cette pucelle Yseult la blonde, Mélusine, Berthe au Grand-pied et toutes les héroïnes des romans de chevalerie, dont l’existence n’est pas plus fabuleuse que celle de la vierge Catherine et de la vierge Marguerite ? M. de Valois, au siècle dernier, s’élevait avec raison contre ces fables grossières qui sont aussi opposées à la religion que l’erreur est contraire à la vérité. Il serait à souhaiter qu’un religieux instruit dans l’histoire fît la distinction des saints véritables, qu’il convient de vénérer, et des saints tels que Marguerite, Luce ou Lucie, Eustache, qui sont imaginaires, et même saint Georges, sur qui j’ai des doutes.

» Si je puis un jour me retirer dans quelque belle abbaye, ornée d’une riche bibliothèque, je consacrerai à cette tâche les restes d’une vie à demi épuisée dans d’effroyables tempêtes et de fréquents naufrages. J’aspire au port et