Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/240

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gagné, sans être vus, ma propre chambre, dans laquelle nous avions décidé de cacher M. d’Anquetil jusqu’au moment de fuir en poste, je gravissais à peine le second étage, où je rencontrai précisément M. d’Astarac en robe de damas rouge et tenant à la main un flambeau d’argent. Il me mit, à son habitude, la main sur l’épaule.

— Eh bien ! mon fils, me dit-il, n’êtes-vous pas bien heureux d’avoir rompu tout commerce avec les femmes et, de la sorte, échappé à tous les dangers des mauvaises compagnies ? Vous n’avez pas à craindre, parmi les filles augustes de l’air, ces querelles, ces rixes, ces scènes injurieuses et violentes, qui éclatent communément chez les créatures de mauvaise vie. Dans votre solitude, que charment les fées, vous goûtez une paix délicieuse.

Je crus d’abord qu’il se moquait. Mais je reconnus bientôt, à son air, qu’il n’y songeait point.

— Je vous rencontre à propos, mon fils, ajouta-t-il, et je vous serai reconnaissant d’entrer un moment avec moi dans mon atelier.

Je l’y suivis. Il ouvrit avec une clef longue pour le moins d’une aune la porte de cette