Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/330

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Au moment où mon bon maître prononçait ce mot, un choc soudain nous abîma tous quatre sous une pluie de verre, dans une telle confusion que je me sentis tout à coup aveuglé et suffoqué sous les jupes de Jahel, tandis que M. Coignard accusait d’une voix étouffée l’épée de M. d’Anquetil de lui avoir rompu le reste de ses dents et que, sur ma tête, Jahel poussait des cris à déchirer tout l’air des vallées bourguignonnes. Cependant M. d’Anquetil promettait, en style de corps de garde, aux postillons de les faire pendre. Quand je parvins à me dégager, il avait déjà sauté à travers une glace brisée. Nous le suivîmes, mon bon maître et moi, par la même voie, puis tous trois, nous tirâmes Jahel de la caisse renversée. Elle n’avait point de mal et son premier soin fut de rajuster sa coiffure.

— Grâce au ciel ! dit mon bon maître, j’en suis quitte pour une dent, encore n’était-elle ni intacte ni blanche. Le temps, en l’offensant, en avait préparé la perte.

M. d’Anquetil, les jambes écartées et les poings sur la hanche, examinait la berline culbutée.

— Les coquins, dit-il, l’ont mise dans un bel état. Si l’on relève les chevaux, elle tombe