Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/332

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— Il n’y a pas de sellier.

Nous regardâmes autour de nous. Au couchant, les coteaux de vignes jetaient jusqu’à l’horizon leurs longs plis paisibles. Sur la hauteur, un toit fumait près d’un clocher. De l’autre côté, la Saône, voilée de brumes légères, effaçait lentement le sillage du coche d’eau qui venait de passer. Les ombres des peupliers s’allongeaient sur la berge. Un cri aigu d’oiseau perçait le vaste silence.

— Où sommes nous ? demanda M. d’Anquetil.

— À deux bonnes lieues de Tournus, répondit, en crachant le sang, le postillon qui était tombé dans le fossé et, pour le moins, à quatre de Mâcon.

Et, levant le bras vers le toit qui fumait sur le coteau :

— Là-haut, ce village doit être Vallars. Il est de peu de ressource.

— Le tonnerre de Dieu vous crève ! dit M. d’Anquetil.

Tandis que les chevaux groupés se mordillaient le cou, nous nous rapprochâmes de la voiture, tristement couchée sur le flanc.

Le petit postillon qui avait été retiré des entrailles des chevaux dit :

— Pour ce qui est du ressort, on y pourra