Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/363

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je suis un pauvre pécheur ; le nombre de mes iniquités m’opprime.

— Voilà de belles paroles, dit M. le curé. C’est Dieu lui-même qui vous les dicte. J’y reconnais son style inimitable. Ne voulez-vous point que nous avancions un peu le salut de votre âme ?

— Volontiers, dit M. Coignard. Car mes impuretés se lèvent contre moi. J’en vois se dresser de grandes et de petites. J’en vois de rouges et de noires. J’en vois d’infimes qui chevauchent des chiens et des cochons, et j’en vois d’autres qui sont grasses et toutes nues, avec des tétons comme des outres, des ventres qui retombent à grands plis et des fesses énormes.

— Est-il possible, dit M. le curé, que vous en ayez une vue si distincte ? Mais, si vos fautes sont telles que vous dites, mon fils, il vaut mieux ne les point décrire et vous borner à les détester intérieurement.

— Voudriez-vous donc, monsieur le curé, reprit l’abbé, que mes péchés fussent tous faits comme des Adonis ? Mais laissons cela. Et vous, barbier, donnez-moi à boire. Connaissez-vous M. de la Musardière ?

— Non pas, que je sache, dit M. Coquebert.