Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/62

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par une aspersion d’eau bénite et qui n’appartiennent pas à l’église triomphante, car des esprits glorieux n’eussent point, comme il s’est vu à Pérouse, tenté de séduire la femme d’un boulanger. Mais, si vous voulez mon avis, ce sont là plutôt les sales imaginations d’un cafard que les vues d’un docteur. Il faut haïr ces diableries ridicules et déplorer que des fils de l’Eglise, nés dans la lumière, se fassent du monde et de Dieu une idée moins sublime que celle qu’en formèrent un Platon ou un Cicéron, dans les ténèbres du paganisme. Dieu, j’ose le dire, est moins absent du Songe de Scipion que de ces noirs traités de démonologie dont les auteurs se disent chrétiens et catholiques.

— Monsieur l’abbé, prenez-y garde, dit le philosophe. Votre Cicéron parlait avec abondance et facilité, mais c’était un esprit banal, et il n’était pas beaucoup avancé dans les sciences sacrées. Avez-vous jamais ouï parler d’Hermès Trismégiste et de la Table d’Émeraude ?

— Monsieur, dit l’abbé, j’ai trouvé un très vieux manuscrit de la Table d’Émeraude dans la bibliothèque de M. l’évêque de Séez, et je l’aurais déchiffré un jour ou l’autre sans la chambrière de madame la baillive qui s’en fut à