Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la Seine, s’étendait jusqu’au Calvaire du mont Valérien. En donnant un regard à nos meubles, je vis, étendu sur le lit, un habit gris, une culotte assortie, un chapeau et une épée. Sur le tapis, des souliers à boucles se tenaient gentiment accouplés, les talons réunis et les pointes séparées, comme s’ils eussent d’eux-mêmes le sentiment du beau maintien.

J’en augurai favorablement de la libéralité de notre maître. Pour lui faire honneur, je donnai grand soin à ma toilette et je répandis abondamment sur mes cheveux de la poudre dont j’avais trouvé une boîte pleine sur une petite table. Je découvris à propos, dans un tiroir de la commode, une chemise de dentelle et des bas blancs.

Ayant vêtu chemise, bas, culotte, veste, habit, je me mis à tourner dans ma chambre, le chapeau sous le bras, la main sur la garde de mon épée, me penchant, à chaque instant, sur mon miroir et regrettant que Catherine la dentellière ne pût me voir en si galant équipage.

Je faisais depuis quelque temps ce manège, quand M. Jérôme Coignard entra dans ma chambre avec un rabat neuf et un petit collet fort respectable.