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ventre, pourvu que le reste y fût proportionné. C’est une beauté qui m’est sensible. N’y taillez pas inconsidérément.

— Qu’à cela ne tienne ! Nous laisserons la taille et les flancs des femmes se former sur le canon des sculpteurs grecs. Ce sera pour vous faire plaisir, monsieur l’abbé, et en considération des travaux de la maternité ; bien que, à vrai dire, j’aie dessein d’opérer aussi de ce côté divers changements dont je vous entretiendrai quelque jour. Pour revenir à notre sujet, je dois vous avouer que tout ce que je vous ai annoncé jusqu’à présent n’est qu’un acheminement à la véritable nourriture, qui est celle des Sylphes et de tous les Esprits aériens. Ils boivent la lumière, qui suffit à communiquer à leur corps une force et une souplesse merveilleuses. C’est leur unique potion. Ce sera un jour la nôtre, messieurs. Il s’agit seulement de rendre potables les rayons du soleil. Je confesse ne pas voir avec une suffisante clarté les moyens d’y parvenir et je prévois de nombreux embarras et de grands obstacles sur cette route. Si toutefois quelque sage touche le but, les hommes égaleront les Sylphes et les Salamandres en intelligence et en beauté.